[Story] Quand le temps s'arrête ...

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Elle observait ses faits et gestes, calculant à chaque seconde le temps qui lui était à disposition s’il devait commettre un geste imprudent. Dans un tout autre village, une toute autre vie elle aurait pu croire à ce parfait portrait, mais plus ici, plus en ce monde.
Elle respirait par accoudée, méfiante, le chemin des larmes brillait légèrement sur son visage qui optait pour des traits soupçonneux. Une main fermement cramponnée à une dague sous sa cape, l’autre avait cessé son tapotement nerveux.

Il faisait nuit, cette auberge était déserte quand elle était entrée, elle l’aurait jugé, elle ne savait pas encore ce qui l’agaçait le plus : le fait qu’elle se soit trompée ou qu’elle ne parvienne pas à le cerner. Qui pouvait encore faire preuve de sympathie et de politesse, et pourquoi ?

Les sourcils froncés, le regard inquisiteur, elle ne cessait de planter ses yeux émeraudes dans celui de l’inconnu et malgré tout ce jeu théâtrale, son profil était doux, son air rigide était pourfendu par son teint pâle et sa mine mutine.

« Le ragoût est encore tiède, il se réchauffera vite »

Peut être était il l’un des leurs, peut être essaierait il de l’empoisonner. Ses gestes étaient précis, décidés comme s’il les avait répété une centaine de fois. Se battre pour survivre, se battre, toujours se battre…

Il posa une nouvelle fois sa main sur ce qui ressemblait à un fourneau, ni une, ni deux, elle se rua vers lui. Impétueuse, elle n’optait plus pour les négociations. Elle était passée dans le dos de son « adversaire », d’une main elle le plaqua contre elle et de l’autre elle maintenait un point de pression contre sa gorge. Sans arme…sans hésitation.
Ne parvenant à distinguer ses aptitudes, ses arts, elle resserra l’étreinte et approcha ses lèvres de l’oreille du jeune homme lui murmurant de façon entrecoupée :

« Qui êtes vous, à quoi aspirez vous ? »

Une pile d’assiettes sales vint alors s’écrouler à leurs pieds rappelant à Naleigh qu’il était un homme, elle une femme et si la vie en avait été tout autre, il aurait pu être un simple paysan et elle une danseuse ou une auteur de livres futiles. Quel était le pourcentage de chance pour que l’issue de ce corps à corps ne soit pas un bain de sang ?

Une homme, une femme dans une cuisine où terminait de cuire un délicieux ragoût ou deux adversaires qui dévasteraient ce lieu si calme, quelques minutes auparavant.

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[Le temps du récit change parce que ce texte n’est pas écrit de façon spontanée : C’est la retranscription d’un dialogue/ d’une rencontre RP in game avec le joueur Seymoss]


Une Ombre de Tierfon … Il fallait rattraper le coup et vite. Elle s’écarta avec douceur et le laissa reprendre ses aises, tout en restant méfiante. Il reprit sa tache, imperturbable et lui proposa de nouveau de dîner. Une nouvelle fois, elle refusa par prudence.

Tous deux se firent statues de marbre, se fixant sans un mot. Attablée, elle brisa le silence la première. Que faisait il ici, qui était il ? Elle ne l’avait jamais croisé chez les Ombres et sa présence ici attisait sa curiosité.
Sans trop savoir comment, tous deux tissèrent un étrange lien en commentant l’un et l’autre leur passé. Les mots sortaient de leur bouche, formant des phrases impersonnelles sans réelles émotions et pourtant ils partageaient bien quelque chose de fort : Le récit d’une vie passé.
Entre possibles hallucinations, enfance étrange et interrogations, il était difficile de trier les informations, les détails qui feraient de leur parole une vérité ou un fantasme.
Il y avait là cette jeune femme, Naleigh, avide de curiosité, de savoir, souhaitant étancher sa soif de connaissance, lui contant un passé des plus mystérieux, ignorant elle-même ses véritables racines.

Cette éclaireuse lui parlant d’un astre lui murmurant un avenir dans une langue inconnue, un astre seulement vu par quelques mourants en ce monde et ses « enfants » envoyés sur Atreia … Etrange histoire. Et pourtant .. tout portait à y croire.
Naleigh, une femme transcendée par deux parts, cette rôdeuse douce, souriante, avenante et l’assassine, revêche, arrogante … un visage que Seymoss ne rencontrerait pas ce soir.
L’une d’elle était une enfant terrifiée par l’inconnu et inconditionnelle rêveuse. L’autre, forte, guerrière, courrant le monde.

Naleigh se découvrit peu à peu, elle peignait à Seymoss, des ancêtres qui ne lui étaient pas vide de sens. Des Gardiens, des êtres purs, des trahisons et des déchus, le mélange de deux races qui n’aurait pas du être et le châtiment de ces derniers. « Ils se nourriront des entrailles de leur mère »


L’histoire de Seymoss était tout aussi éprouvante. Souhaitant plus que tout croire sa mère au combat, il mentionna à son tour un enfant éventrant celle lui ayant offert la vie. Mais plus que toute chose, il se cherchait. Peut être la crainte le touchait il lors des légendes rapportées par Naleigh…

Un fond de vérité les liait il tous les deux ? Finalement que pouvait il dévoiler alors que la jeune inconnue en savait déjà beaucoup à ses yeux, sur lui …

De sa magie, il fit de l’auberge un lien accueillant et chaud, mais l’heure n’était plus aux discussions, Naleigh était épuisée et lui qui comptait repartir venait de découvrir la raison pour laquelle elle avait trouvé refuge en ces lieux.
Son gilet teinté de sang trahissait un récent combat, aussi il se proposa de rester la nuit.

Ensemble ils décidèrent de visiter l’auberge, mais dés la première chambre, l’Eclaireuse, sentit le sommeil l’emporter. Seymoss s’assura de son confort et la laissa s’isoler, puis à son tour, après lui avoir fait savoir qu’elle pouvait compter sur lui en cas de difficulté, il prit congé.

Couverte dans les draps bleutés, Naleigh s’approcha de la fenêtre, de nouveau ses yeux épousèrent une teinte violine et l’Astre brilla de milles feux sous son regard admiratif. Elle lui murmura un « bonne nuit » à peine audible et se laissa bercer par son éclat.




……

Quelques minutes plus tard, c’est une femme à la grâce féline qui furète dans les couloirs de l’Auberge, une femme à la silhouette élancée, au visage dur ayant tout perdu de son regard emeraude…

Il y a en ce bas monde des choses bien mystérieuses, des phénomènes que personne ne comprend vraiment. Pourtant bien des savants essayent de les expliquer, bien des théories sont apportées, mais aucune n'arrive à en percer complètement le secret. Parmi elles, on trouve le rêve, cet acte étrange qui nous arrive à tous durant la nuit. Qui nous plonge dans notre inconscient, notre mémoire, notre imaginaire, pour nous donner des visions souvent grotesques, quelques fois terrifiantes et une fois de temps en temps, pour certain, prémonitoire. Certains affirment que dans nos rêves se trouvent les secrets de notre subconscient. Si tel est vraiment le cas, celui de Seymoss doit ressembler à l'une des strates de l'enfer. Chaque nuit, et ce depuis toujours, il rêve de massacre sanglant et finit par se réveiller en sueur, ne pouvant en supporter plus plus longtemps. Cette nuit là ne dérogea pas à la règle.

Il rêva de sang, de chair, de pleurs, de cris, de douleur et de mort jusqu'au point où l'horreur finit par devenir insupportable. Les draps autour de lui étaient, comme toujours, trempés par sa sueur. Il se leva et alla ouvrir la fenêtre pour aérer la pièce à l'atmosphère étouffante. Le vent s'y engouffra dès qu'il l'ouvrit. Il ferma alors les yeux et laissa la nature chasser ses peurs et les emporter au loin.

Phénomène intéressant que le vent, il a la faculté d'emporter les malheurs mais aussi de les amener. Dans la brise légère, Seymoss entendit le cliquetis d'une serrure qui s'ouvre. Expert dans son art, il savait exactement d'où cela provenait. La bibliothèque de l'auberge. Le vent était allé y chercher le bruit avant de s'enfuir avec par la fenêtre et de venir en informer le jeune spiritualiste.

Sans prendre le temps de se rhabiller, il sortit dans le couloir pour aller rejoindre les lieux du crime. la porte était légèrement ouverte. Il se faufila à l'intérieur sans bruit et chercha d'où cela pouvait bien provenir. Quand il vit la jeune femme, il se détendit instantanément. Il s'adossa contre un mur et murmura.

"Vous savez que ce n'est pas bien de fouiller dans les affaires des autres?"

Un sourire arqua les lèvres de Naleigh.

« Et vous le savez vous ? Vous découvrez au même instant que moi le contenu de cette boite, vous êtes..aussi coupable que moi. »

Elle
plissa les lèvres, malicieuse, puis se rapprocha de lui, s’arrêtant sur
le peu de vêtement qui l’habillait. Elle approche ses doigts vers les
yeux du jeune homme et les figea à quelques centimètres de son visage.
Il pouvait y voir quelques tracés rouges et dans le regard de l’Eclaireuse un air victorieux.

«
Ca sent la magie à plein nez ! Et pas de la petite magie. Je connais
une ou deux personnes qui pourraient me mettre sur une piste. Je veux
savoir qui ici, dispose d’assez de moyens pour se payer cette matière
ou bien qui est assez fou pour laisser des traces de lyrium »

Lunnah,
Naala, Lysaandre. Elles étaient forcément au courant. Tout ce qui
pouvait être dangereux et circulant entre les mains d’Elyséens ou
Asmodiens passaient entre leurs mains, ou bien elles s’en mêlaient
d’une façon ou d’une autre.

Sa main prit celle du jeune homme
et déposa en son creux un papier vieilli par le temps, celui ci lui
décrivait un prototype d’arme. Un façonnement précis, une perfection
jamais atteinte. L’écriture lui était inconnue mais cela ne semblait
déranger la rôdeuse qui elle, savait probablement traduire.

Elle
le bouscula avec une douceur palpable, l’invitant à la suivre d’un
simple regard empli de mystère et sans se retourner poussa une autre
porte, puis une autre, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle termine au
fond du couloir et visiblement aucune autre pièce n’avait autant
attirée son attention.

Chasseuse de légende, il n’y avait
aucune chance pour qu’elle laisse filer cet indice. Sa seule hésitation
résidait en la vie de Seymoss. Fallait il le laisser la suivre. Pouvait
elle le laisser filer ? Il en savait déjà trop et elle avait
volontairement prononcé le nom de cette matière rare et interdite il y
avait déjà des années.

Elle descendit deux par deux les marches des escaliers, passant de nouveau prés de lui, le frôlant légèrement.

Avant que la jeune femme ne sorte de l’auberge, Seymoss tendit le bras, la porte d’entrée claqua et la jeune femme eut beau tout faire, elle ne put l’ouvrir. Quand elle se tourna, Seymoss remontait déjà l’escalier. Il prononça ces paroles en disparaissant.

« Attendez moi, je vais m’habiller, je reviens. »

Il se dépêcha alors de rejoindre sa chambre. Une fois sur place, il s’assit sur le lit et posa la main sur son torse. Un pendentif apparut, il le prit et le regarda sous toutes les coutures.

« C’est donc du Lyrium… »

Ce pendentif, il l’avait depuis qu’il était né, et rien ne lui permettait de l’enlever. Il savait qu’une part de son mystère résidait dans cet objet. Il s’était toujours imaginé qu’il s’agissait d’un fantasque de son esprit, notamment à cause du matériau dont il était fait et dont il ne connaissait rien. Et pourtant, aujourd’hui était apparut ce coffre et maintenant le matériau avait un nom. Le Lyrium. Tout portait à croire que cette histoire allait le mener à des réponses. Bonnes ou mauvaises mais des réponses. Ce qu’il attendait depuis toujours.

Il se releva et se dépêcha de se rhabiller et de récupérer ses affaires. Il cacha ensuite soigneusement le pendentif sous ses vêtements.

Une fois ses affaires récupérées et sa chambre rangée il retourna dans la salle commune où l’attendait la jeune. Son impatience transparaissait dans son regard.

Sans un mot, il se dirigea vers la porte et l’ouvrit.

« Et bien ? Qu’attendons-nous pour partir à la recherche du secret de ce parchemin ? »