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Message par Seymoss Sam 23 Jan - 11:30

Comme tous les soirs depuis le début des conflits, l'auberge était bondée. Tous les paysans du coin venaient en sortant du travail pour être au fait des dernières nouvelles du front. Cela en était devenu une telle habitude, que les femmes et les enfants avaient finis par y rejoindre les hommes pour partager avec eux leurs soirées, enfin tout du moins en était-ce la raison officielle. Le vieux Tobby soupçonnait les femmes d'être trop curieuses pour attendre le retour de leur mari afin d'avoir elles aussi les dernières informations. Quoiqu'il en soit, l'auberge était devenu le lieux incontournable pour toute la famille. Les enfants jouaient dans les étages, les hommes discutaient au bar ou autour des tables et les femmes avaient investi la cuisine au grand dam de l'aubergiste. On buvait, on mangeait, on riait, mais surtout, on discutait de ce qui se passait en abysse.

Au file des semaines, il était également devenu monnaie courante pour le vieux Tobby de raconter une histoire en fin de soirée. Cela permettait de calmer les gosses et de faire oublier la guerre aux adultes.

Le vieil homme vint donc s'installer comme d'habitude devant la cheminée et pendant qu'on prenait place autour de lui, il prépara sa pipe. Quant il eut fini, il tira un coup dessus, souffla un nuage de fumée et regarda l'assemblée. Tout le monde s'était tu et attendait son récit. Il se racla la gorge bruyamment et commença d'une voix rauque.

"Je m'rappelle d'une histoire, c'était à l'époque des vendanges, il y a bien, ouh, 20 ans d'cela, mes jambes m'portaient encore c'est pour vous dire! A c'moment là, j'travaillais dans un p'tit village non loin d'Altgard. Un matin, alors qu'la brume recouvrait l'pays, on entendit une femme hurler dans une des granges. Tout l'monde accourut, la pauvre femme était allonger dans l'foin, en train d'accoucher et souffrait visiblement l'martyre. Personne la connaissait, mais tout le monde se mit en quatre pour l'aider à accoucher, on est comme ça nous pendant les vendanges, c'est l'entraide avant tout. Mais personne, ah ça non, personne, n'était préparé à ce qui allait sortir de ce ventre, j'peux vous l'dire moi."

Un homme dans l'ombre de l'auberge, un étranger qui s'était tenu à l'écart toute la soirée l'interrompit.

"Cette histoire ne devrait pas être raconté à des enfants et toute les personnes présentent lors de cette accouchement ne sont elles pas censées être mortes?"

Les sourcils du vieil homme se froncèrent, il n'aimait pas qu'on l'interrompe lors de ses récits et encore moins pour lui dire qu'il avait tort.

"Vous avez pas à m'dire ce qui est racontable ou pas et si vous m'aviez laissé finir, j'vous aurait dit qu'on m'avait envoyé chercher un clerc à Altgard, quand je suis parti, tout l'monde était au petit soin pour c'te pauvre dame, quand j'suis revenu avec le clerc, le gosse, il gazouillait dans le corps éventré de sa pauvre mère, lui même entouré par les cadavres des paysans et baignant dans une mare formée par leur sang! Ca j'l'ai vu de mes yeux moi m'sieur et personne pourra dire l'contraire!"

Il savait qu'il venait de détruire son récit. Il s'était emporté, et comme à chaque fois, ses mots avaient été plus loin que ce qu'il aurait voulu. Il aurait préféré faire durer le suspense, faire peser lourdement tous ses mots pour qu'ils s'impriment dans les esprits. Mais on avait osé l'attaquer sur un récit à peine commencé et voilà le résultat. L'étranger l'avait compris et s'excusa.

"Je suis désolé, je ne voulais pas mettre votre parole en doute. C'est juste que j'ai souvent entendu ce conte, souvent remanié, mais avec la même toile de fond. Alors j'ai cru que vous étiez encore un de ces bonimenteurs. mais vu que vous avez l'air de l'avoir vraiment vécu, je suis intéressé, continuez, je vous en prie."

Tobby aspira plusieurs bouffées sur sa pipe pour se détendre puis il reprit.

"Au début, on a crut qu'ils avaient été attaqués par des bêtes sauvages, alors on a attrapé l'gosse et on a couru se mettre à l'abris à Altgard. Là l'gosse a été confié à l'orphelinat et les autorités mises sur le pied d'guerre. Pendant qu'ils faisaient des battues à la recherche de ce qui avait pu provoquer cela, un nouveau drame a eu lieu. A c'moment là, moi j'logeais à l'auberge, en attendant un nouveau travail. Un matin, en allant au dortoir réveiller les enfants, la directrice de l'orphelinat a trouvé tous les lits couverts de sang. On l'a entendu crier dans tout Altgard. Le seul survivant au massacre, j'vous laisse deviner, c'était l'mioche de la grange qu'on avait appelé Seymoss. Lui, il dormait paisiblement, recouvert du sang de ses camarades. C'était qu'un bébé, il avait à peine quelques jours, on pouvait pas s'imaginer l'pire. Alors, on a d'abord cru qu'il était maudit, ou que quelqu'un lui voulait du mal. On l'a alors installé dans le temple d'Altgard où il a été surveillé jours et nuits par des clercs. C'est là qu'on a su. Au bout du troisième jour, au petit matin, au moment de la relève des clercs, normalement, la porte doit être scellée de l'intérieur et rouverte au petit matin par les gars à l'intérieur. Ce matin là, personne n'ouvrit. On essaya d'appeler à l'intérieur, rien ! Au bout d'un moment, on entendit l'mioche pleurer mais pas un bruit des clercs avec lui. On décida alors de défoncer la porte et là, j'vous l'donne en mille. Les pauvres mecs étaient raides mort et le gamin avait toujours pas une égratignure. C'est là qu'on a compris que le problème il venait de lui."

Il y eut une pause, pendant laquelle tout le monde se mit à chuchoter, tous essayaient d'analyser ce que venait de dire le vieux Tobby. C'est l'étranger qui prit la parole à voix haute le premier.

"Et qu'est ce que vous en avez fait?"

Le vieux conteur tira une nouvelle fois sur sa pipe avant de répondre.

" - Les prêtres ont créé une espèce de sort, pour surveiller l'gosse tout en étant en sécurité. C'est là qu'ils ont découvert qu'il était comme possédé par le mal. C'est arrivé au bout de 24 heures de surveillance. Il s'est levé comme par enchantement et a essayé de sauté sur ses surveillants, heureusement il a été retenu par l'sort. Mais après ça, il s'est plus calmé, jusqu'à ce que les prêtres laissent entrer quelque chose de vivant dans la bulle entourant l'gosse.
- Qu'ont ils fait entrer? interrogea l'étranger.
- Une chèvre, il fallait bien nourrir l'mioche et la traite des chèvres avait pas encore eu lieu. On s'est dit, quand c'te chèvre entrera avec ses pis pleins, l'enfant se calmera et ira téter, mais quand elle est entrée dans la bulle, la pauvre se fit déchiqueter et dévorer. Parait que c'était franchement pas beau à voir. Après ça, l'gosse s'est endormi. Mais ce coup-ci, ça a pas duré longtemps, 6 heures plus tard, il remettait ça de plus belle. C'est là que les deavas sont intervenus. Il fallait trouver une solution, on les a appelé, ils sont venus et sont partis avec le gosse.
- Sait on ce qu'il lui est arrivé? Questionna de nouveau l'étranger
- D'après ce que je sais, ils ont trouvé un moyen d'enfermer le mal. ils ont fait une sorte de rituel si vous voyez ce que je veux dire. D'après ce que je sais, le gosse est protégé par quatre gardiens qui empêchent le mal de refaire surface. Il parait que depuis il a grandit, les dernières rumeurs affirment même qu'il est devenu deava. Mais d'autres disent qu'il est qu'une enveloppe vide, sans substance, qu'il a rien d'humain. Si vous voulez mon avis, avec un zigoto du genre au front, on va la gagner c'te guerre, pour sûr !"

Le brouhaha se fit de plus en plus fort, tout le monde en allait à son petit commentaire. Puis petit à petit tous quittèrent l'auberge. L'étranger était toujours là quand l'aubergiste alla se coucher. Il l'interpella alors.
"Vous pouvez éteindre le feu en partant?"

Il ne répondit que par un geste de la main. L'aubergiste haussa les épaules et monta se coucher. L'homme sortit de l'ombre pour s'avancer près de l'âtre rougeoyant. Il était habillé comme un mage de Pandeamonium. Une forme de visage se dessina dans les flammes sous ses yeux et se mit à parler d'une voix crépitante.

" - Pourquoi écoutes-tu ces inepties de paysans? Tu as mieux à faire...
- Je sais, me battre pour mon peuple, le coupa le mage. Mais toutes ses histoires sont si étranges...
- Ce n'est pas parce que tu t'appelles Seymoss qu'il s'agit de toi. Et aucun enfant n'est capable de commettre de telle chose, il ne s'agit que de comptes pour faire peur aux enfants et oublier la guerre. Maintenant, file, tu as du travail !
- Tu as sans doutes raisons..."

Seymoss fit un geste de la main et le feu s'éteignit, puis, doucement, il rejoignit la sortie avant de disparaître dans la nuit.
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Message par Seymoss Sam 23 Jan - 11:34

"Parmi toutes les races qui ont foulées notre monde, c'est celle des éphémères qui a le destin le plus tragique.

Ces créatures angéliques au corps de femme sublime ne vivaient qu'un an. Atteignant leur taille et maturité d'adulte qu'au bout d'une semaine, elles passaient le reste de leur vie à parcourir le monde afin de dispenser la parole d'Aion. A la fin de leur année d'existence, elles mettaient au monde un enfant unique, une fille, possédant la beauté, la connaissance et la sagesse de sa mère, et ainsi l'enfant reprenait l'œuvre de sa génitrice.

Tout aurait pu continuer ainsipendant des millénaires si Aion ne nous avait pas fait, nous les hommes, tels que nous sommes. Avide de pouvoir, de richesses, de notoriété, mais aussi, et bien malheureusement, de sexe. Dans l'espoir d'un plaisir charnel avec ces êtres d'une beauté sans pareil, nous les séduisions. Mut par leur douce innocence, les éphémères se laissèrent entraîner. Mais le monde n'était pas fait pour voir naître le fruit de la perfection et de l'imperfection, du pur et de l'impur.

Chaque enfant qui naissait d'un humain et d'une éphémère était inévitablement un garçon, un garçon mut par la soif de chair et de sang, le désir de ne vivre que pour faire souffrir les enfants d'Aion. Il commençait d'ailleurs son existence par le meurtre de sa propre mère, il ne s'arrêtait alors plus de tuer. Ironie du sort, la durée de vie de telles aberrations était celle des hommes. Des dizaines d'années de massacre.

Face à cette menace les hommes réagirent, comme un homme réagirait dans une telle situation, cela va sans dire : en accusant les éphémères de tous leurs maux. Ainsi commença une chasse, une traque abominable pour éradiquer ces sorcières qui avaient fait venir le mal sur notre monde.

Aujourd'hui, tout le monde a oublié les éphémères, tout le monde à oublié le génocide que nos ancêtres ont orchestré par manque de discernement. Nous avons détruit l'œuvre d'Aion, puisse-t-il avoir eu la bonté d'en préserver une partie. En tout cas, c'est vers cela que sont tournées toutes mes prières."

Extrait de L'encyclopédie des races, de Denge Spractus, grand anthropologue de la cour
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Message par Seymoss Sam 23 Jan - 11:35

L'enfant pleurait à s'arracher les poumons dans son berceau. De nombreuses personnes l'entouraient mais aucune ne venait le rassurer. Une femme finit néanmoins par craquer face à ces appels de détresse. Elle s'avança, mais un homme s'interposa.

"Non ! Il ne faut pas ! Pas tant que le rituel n'est pas fini ! La bête pourrait se réveiller !"

Elle baissa les yeux et se recula. Des larmes commencèrent à couler le long de son visage. C'était visiblement trop dur à supporter pour elle.

Un vieil homme fit irruption dans la pièce, une flopée de parchemins dans les bras. Il en distribua un à chacun. Puis, d'un commun accord, ils firent un cercle autour de l'enfant et à l'unisson se mirent à lire les parchemins. Il s'agissait d'un chant, comme on en entend souvent dans les lieux de cultes. Un requiem. Mais il y avait quelque chose d'étrange. De peu commun. Il n'était adressé à Aion. Il était question de quatre gardiens, quatre entités aussi vielles que le monde, quatre esprit d'un autre plan.

Un premier esprit répondit, il prit la forme d'une flamme incandescente et plongea dans le berceau, s'infiltrant dans l'enfant par ses narines, ceci le fit taire et entrer en transe instantanément. Un deuxième esprit répondit, celui-ci prit la forme d'un nuage de vapeur qui, en plongeant dans le berceau, s'infiltra dans l'enfant par les ports de sa peau. Le troisième qui apparut avait la forme d'une petite tornade et s'infiltra dans l'enfant par ses oreilles. Et enfin le dernier, qui n'était qu'un nuage de poussière, choisit la bouche comme entrée. Puis le silence retomba. Un silence de mort. Un silence pesant. personne ne bougeait, personne ne parlait, personne ne se regardait. Ils étaient nombreux dans cette pièce, mais c'était comme si chacun y était seul.

Au bout de longues minutes, l'un d'eux finit par avoir le courage d'intervenir.

"Ca a marché?"

C'est le vieil homme qui avait apporté les parchemins qui répondit.

"L'avenir nous le dira... L'avenir nous le dira..."

C'est à ce moment là que Seymoss se réveilla. Il faisait encore nuit noir. Il s'assit sur le bord de son lit et ralluma la lanterne qui se trouvait sur la petite table de nuit improvisée. Il était dans sa tente à Ishalgen, dans le camp des bandits. Il attrapa le livre qui était posé à coté de la lampe et l'ouvrit. Trois cartes tombèrent sur ses genoux, il les prit et les regarda un moment.

Trois cartes du destin. Ses trois cartes du destin. Un passé sinueux, un présent plein de promesses et un futur glorieux. Rien ne laissant présager que l'enfant dont il avait rêver c'était lui.

Il déposa les cartes et reprit le livre dont il regarda la couverture où était inscrit en lettres d'or le titre : Essai sur la psychologie de l'enfant. Seymoss se dirigea directement au chapitre qu'il avait marqué en cornant la première page, celui-ci avait comme intitulé : Comment, par l'imagination, l'enfant comble ses traumatismes?

L'auteur l'explique très bien. je me suis créé cette histoire étant gosse pour pallier aux traumatismes de l'orphelin. Mais tout ça n'est que fantasque. Mes parents sont morts sous les coups élyséens. Rien de plus... Pourtant... Ces images me paraissent si réelles... Sûrement le pouvoir de l'imagination et des rêves...
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Message par Naleigh Sam 23 Jan - 21:36

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Félicitation pour ce beau, ce magnifique BG, je suis toujours aussi attachée à tes écrits, mais cela, je te l'ai déjà dis Wink
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Message par Nelly storm Lun 25 Jan - 8:57

Superbe BG, très original, bien raconté, bravo !
Nelly storm
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Message par Djoune Lun 25 Jan - 10:26

Très sympa ! Très frais !

La suite ! :)
Djoune
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Messages : 517

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Message par Yoreen Mar 26 Jan - 14:48

Ouah j'ai adoré !!! La suite s'il te plais !

Yoreen
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